Série: La médecine traditionelle chinoise & la science

“Faisons l’hypothèse d’une nature électro-magnétique du Qi”

La Médecine Traditionnelle Chinoise ou TCM, en anglais, semble de plus en plus être une alternative intéressante à la médecine occidentale fonctionnant par médicaments, antibiotiques et autres interventions souvent agressives pour le corps. D’autant plus, aujourd’hui, avec l’arrivée de virus qui désorientent les experts européens et par rapport auxquels les vaccins semblent peu efficaces. Mais pour nos savoirs occidentaux, quelle est la légitimité scientifique de cette médecine chinoise vieille de 2000 ans ? Quelle est la reconnaissance ici pour des traitements préventifs promettant un soutien à notre santé et à notre immunité naturelle ?

LHCH a interviewé Philippe Bobola, un professeur de Lyon en France, scientifique de formation, brillant et original, voire parfois polémique, cumulant des doctorats en physique, biologie et anthropologie et défendant une ouverture de nos savoirs scientifiques aux pratiques des sagesses traditionnelles. Il a créé à cet effet sa propre école de l’« Unité du Savoir ».

TCM & Recherches de preuves scientifiques ?

LHCH: Commençons par les tentatives d’études cliniques en science occidentale pour comprendre ce que les Chinois appellent le Qi, souffle et énergie. Difficile à traduire.

Philippe Bobola: Je préfère commencer par le point d’acupuncture (Xué) pour comprendre la nature du Qi, qui est ce qui circule sur les méridiens (Jīng) du corps selon les Chinois. Ce point où l’on pique avec l’aiguille en acupuncture n’est pas en deux dimensions pour eux. C’est comme une cavité, un trou, en 3 dimensions donc. C’est un micro-espace biologiquement actif car si on prend la circulation du Qi sur le corps, comme de l’électricité on va le voir, il perd de sa force en circulant… Le Xué serait un point de ravitaillement où le Qi peut se ré-énergiser.

LHCH: Et scientifiquement ?

P.B: L'un des premiers scientifiques à explorer cette idée fut Yoshio Nakatani qui, en 1950 au Japon, découvrit que la conductibilité électrique des points d'acupuncture était plus élevée que celle des tissus environnants. Les recherches subséquentes, entre autres celles de Pruna Ionescu-Tirgoviste en 1990, ont permis de confirmer cette hypothèse en plus de découvrir d'autres phénomènes électriques spécifiques aux points d’acupuncture.

LHCH: De l’électricité ?

P.B: Plus précisément, ce qu’on appelle maladroitement « points d’acupunctures » seraient des canaux à électron créant des ondes permettant une accélération électrique jusqu’au prochain point. Les aiguilles d’acupuncture ont d’ailleurs deux types de métaux pour amplifier cette conductibilité par la différence de température amplifiant ce courant d’électrons …

“Plus précisément, ce qu’on appelle maladroitement « points d’acupunctures » seraient des canaux à électron créant des ondes permettant une accélération électrique jusqu’au prochain point.”

“Plus précisément, ce qu’on appelle maladroitement « points d’acupunctures » seraient des canaux à électron créant des ondes permettant une accélération électrique jusqu’au prochain point.”

LHCH: Et pour les Méridiens du corps ?

P.B: La théorie des Méridiens a été élaborée selon des connaissances empiriques comme dans toutes les anciennes cultures. C’est un système complexe et intégratif qui ne possède aucun équivalent en médecine occidentale, même si certains de ses aspects semblent à l'occasion correspondre avec les systèmes circulatoire, lymphatique, nerveux ou musculaire… C’est toute la question on va le voir ! Car notre science voit tout ce qui est action à distance comme suspect ! Dans le passé de nombreuses expériences ont été réalisées afin de démontrer un effet de l'acupuncture, on peut citer en novembre 1985 l'étude des docteurs J-C. Darras, P. Albarède et P. De Vernejoul qui ont prétendu avoir visualisé un méridien grâce à un isotope radioactif, le technécium 99. Suite à cette publication, ils ont publié un livre de vulgarisation sur l'acupuncture. Mais en fait, l'expérience était peu rigoureuse et la même expérience réalisée en 1988 par le professeur Y. Lazorthes, démontra que la migration du marqueur suivait un trajet veineux et donc que les conclusions de 1985 sur l'existence de méridiens étaient sujette à polémique. Mais en fait quel tissu est éloigné de plus de 150 mm d'un trajet veineux dans le corps ? Et puis, de quelle précision les mesures physiques peuvent-elles toujours se prévaloir ? Personnellement, je vois cette expérience de Lazorthes comme un encouragement.

LHCH: Mais selon le point de vue du « patient », on utilise des statistiques de réussite ?

P.B: Justement, en 1988, Konrad Streitberger et une équipe d’anesthésiologues allemands réalisèrent une étude comparative avec des aiguilles « placebo » et de vraies aiguilles d’acupuncture. Les résultats s’orientèrent en faveur des vraies aiguilles d’acupuncture ! En 2000-2002, des chercheurs de l’Académie chinoise de médecine traditionnelle chinoise de Pékin et de Harvard constatèrent que pendant l’acupuncture certaines zones du cerveau montraient une baisse de leur activité par diminution de la stimulation des neurones nocicepteurs. Ces zones comprenaient notamment le cortex limbique qui gère les émotions et le cortex somato-sensoriel, responsable de l’ intégration de l’information et de la localisation de la douleur. Il existe aussi des confirmations par l’imagerie médicale ou la tomographie. Comme pour l’activation de l’hypothalamus.


Matière & onde ?

LHCH: Mais difficile de réduire la TCM à des expériences scientifiques qui fixent son mouvement en tentant de nous matérialiser et localiser. Quelle conclusion peut-on en tirer sans énumérer tout ce qui a été tenté ? Un traitement de la TCM serait-il réductible à un effet placebo ?

P.B: Non. Tout médicament d’ailleurs, même occidental, à sa part de placebo. On peut faire sérieusement l’hypothèse d’une nature vibratoire, électro-magnétique du Qi. La physique quantique voit toute particule atomique comme ayant une nature ondulatoire et, aussi, corpusculaire. En1929, un Prix Nobel de physique a été décerné pour avoir établi ces deux dimensions. Pour simplifier, on pourrait dire que notre médecine occidentale ou allopathique ne voit le corps que de manière matérielle. La TCM comprend l’autre dimension, les vibrations et la nécessité de les soigner, de les faire circuler, d’éliminer les blocages…

LHCH: Vous avez d’ailleurs déjà donné des conférences sur le Tao et la physique quantique…

P.B: Oui on vient de voir la double nature corpusculaire et ondulatoire des particules. Pour notre physique classique, les deux ne peuvent coexister. Mais des choses contraires peuvent être complémentaires en physique moderne ou quantique, tout comme le Yin et le Yang dans la philosophie chinoise ! Il y a aussi l’idée que l’atome est vide à 99,9999999 % ! Et le Vide a une importance primordiale dans les théories de la TCM. Le Tao serait l’origine de toutes les choses. Un vide contenant tout à partir des énergies complémentaires Yin et Yang donnant ensuite les 5 éléments puis les « 10.000 êtres ». La physique quantique est justement la science des Virtualités. Des deux côtés, on pense un Vide rempli de potentialités mais non-encore transformées en choses concrètes ou « individuées ». Une sorte d’espace de toutes les transformations possibles. Enfin, acupuncture et théorie quantique partagent aussi l’idée d’une science « participative ». La personnalité de l’expérimentant ou participant influe sur l’expérience. Telle personnalité fera à sa manière les gestes de l’acupuncteur qui joueront de telle manière sur le corps de la patientèle. En physique, la mesure des particules est aussi liée à celui ou celle qui expérimente ! On est toujours dans ces deux savoirs dans des intrications d’objets qui peuvent être très lointains. TCM et physique affirment toutes deux la « non-séparabilité » des choses et des êtres.


Tout est lié ?

LHCH: Mais pourquoi notre médecine, à part l’imagerie médicale très sophistiquée, ne prend pas en compte toutes ces nouvelles dimensions ?

P.B: L’occident est resté bloqué à la physique classique à plusieurs niveaux. Sa médecine est mécanique et matérialiste. Elle est opératoire. Elle agit dans les choses sans en connaître la totalité. Elle perturbe les équilibres. A l’inverse, les médecines traditionnelles ont peur de changer le cours des choses. Elles ont eu peur de l’évolution des techniques. Elles ne veulent qu’une chose, —nous faire retrouver l’équilibre. Notre médecine pour le bien commun devra combiner les deux approches dans l’avenir.

LHCH: On vous a entendu parler aussi d’un phénomène de « transe » pendant la pratique sérieuse du Qigong, gymnastique chinoises des souffles du Qi. Ce n’est pas très scientifique.

Dans le Classique de la Médecine Interne de l’Empereur Jaune, Huangdi Nei Jing, il est écrit que le corps et l’esprit ne doivent plus faire qu’un dans le Qigong.

Dans le Classique de la Médecine Interne de l’Empereur Jaune, Huangdi Nei Jing, il est écrit que le corps et l’esprit ne doivent plus faire qu’un dans le Qigong.

P.B: Dans le Classique de la Médecine Interne de l’Empereur Jaune, Huangdi Nei Jing, il est écrit que le corps et l’esprit ne doivent plus faire qu’un dans le Qigong. C’est-à-dire que le Qi doit régir notre corps à travers nos respirations guidées par le mental. Ou parler ainsi est encore une manière de séparer corps et esprit ? Scientifiquement, partons de la 3ème partie du système nerveux, au niveau sympathique et para-sympathique qui gère sans que nous en sommes réellement conscient notre respiration, les battements de notre coeur, les vasoconstrictions, etc… C’est comme si, une sorte de travail spirituel court-circuitait de travail routine et sourd pour en prendre le contrôle ; cela crée oui une sensation de bien-être, de relaxation totale et d’état altéré de la conscience. Ce travail du Qi va réaliser une sorte de massage interne des organes, bénéfiques pour notre santé… Et surtout notre immunité, la clef de toute résistance aux virus actuels et à venir.

LHCH: Une sagesse qui a deux mille ans et qui trouve sa plus belle expression aujourd’hui pour nous en Europe ?

P.B: Oui c’est comme si le Qigong et la TCM ralentissaient, apaisaient notre corps et notre esprit emportés par cette logique des « flux tendus » de notre système ultra-libérale, ces flux de la mondialisation qui emportent notre planète vers un avenir incertain et sombre. La TCM nous re-connecte avec l’univers, avec la nature. C’est une nouvelle sagesse, avec des fondements scientifiques solides, à enseigner et pratiquer ici en Europe.

LHCH: Une sagesse qui a deux mille ans et qui trouve sa plus belle expression aujourd’hui pour nous en Europe ?

P.B: Oui c’est comme si le Qigong et la TCM ralentissaient, apaisaient notre corps et notre esprit emportés par cette logique des « flux tendus » de notre système ultra-libérale, ces flux de la mondialisation qui emportent notre planète vers un avenir incertain et sombre. La TCM nous re-connecte avec l’univers, avec la nature. C’est une nouvelle sagesse, avec des fondements scientifiques solides, à enseigner et pratiquer ici en Europe.

Précédent
Précédent

MeditAction - Participez au changement en méditant 5 minutes

Suivant
Suivant

Comprendre l'ingénierie sociale & la crise du coronavirus